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Le mouvement techno, entre stigmates et préjugés

Dernière mise à jour : 18 juin 2021




Mise en contexte


Façonné depuis les années 1980, le milieu techno a souvent été porteur de préjugés et définit comme un mouvement allant à l'encontre des normes et de la société (Thibault Faucard, 2019). D'autant plus dans le contexte sanitaire actuel où il est la cible de polémiques persistantes et d'intolérances de la part des pouvoirs politiques. Un mouvement très ancien et pourtant si peu démocratisé, c'est en ce sens qu'il paraît pertinent d'étudier cette communauté et d'en définir ses stigmates.


Sous-culture et stigmate


La communauté techno peut être affiliée au mouvement star trek présent dans l'article de Kozinets. En ce sens, les membres parties prenantes de ces dites sous-cultures se sont construits autour de valeurs communes.

"L'amour" de la musique techno rassemble les individus qui éprouvent un sentiment positif fort à l'égard de la techno qui leur permettent de se catégoriser en tant que communauté à part entière (Marra, 2017). Ce partage de pratiques de consommation peut être associé au fait que les membres du groupe se disent en opposition aux valeurs de la société (Hebdige, 1979).


Cela génère un stigmate fort, représentant le fan techno comme n'ayant pas les mêmes codes de consommation et valeurs que la représentation du citoyen lambda dans notre société contemporaine. De ce fait, ce stigmate nuit à les accepter pleinement dans la société (Goffman, 1963). Cet étiquetage engendre une représentation dite "non désirable" par les autres individus, (Dion, 2019) aussi renforcée par les leaders d'opinion qui constituent notre société, "c'est un public de punk à chien avec des os de poulet dans les cheveux [...] qui met à plat ventre la république" (Messiha, 2020).

Les représentants de ces mouvements techno ont souvent été en conflit avec les autorités publiques, ce qui a provoqué un sentiment d'exclusion en marge de la société (R. Rahaoui, 2005). De ce fait, ce stigmate identitaire a provoqué une intériorisation et une acceptation de celui-ci par cette sous-culture. Dans un contexte sociologique, le fait de dire de manière récurrente à ces individus qu'ils sont en exclusion avec les normes, a conduit la communauté techno à adopter ce stéréotype comme valeur déterminante "reposant sur une sous-culture de la transgression permanente et un certain nihilisme" (Marchant, 1970).


Néanmoins, à l'instar où la société est devenue une institution formalisée par des règles (et non par des rites), elle a toujours catégorisé les individus dans des groupes en fonction de ce qui lui semblait adapté (McCracken, 1986).


Le changement d'opinion concernant le Rock'n'roll ou les graffitis ont montrés leur caractère "mouvant" et laisse à penser que la techno se démocratise car "le monde social [...] est constamment créé et recréé par les interactions à travers les interprétations mutuelles" (Breton, 2012).


Le mot de la fin


D'un point de vue marketing, il peut être intéressant de s'interroger sur ce phénomène pour proposer des produits/services adaptés à cette sous-culture tout en considérant le fan techno comme un acteur créateur de l'offre. Néanmoins, l'approche sociologique est à reconsidérer.


Peut-on encore parler de classes sociales comme Max Weber les distinguent ? J'aime à penser que notre identité ne dépend pas seulement de notre origine.


La théorie de la foule (Lebon, 1895) nous montre bien qu'en présence d'un groupe, nous sommes conditionnés à adapter notre comportement au groupe pour ne pas être considéré comme déviant. La gestion de la face est devenue une préoccupation prioritaire plus importante que nos valeurs les plus profondes. Il convient d'étudier ce type de sous-culture plus en profondeur pour détecter les prémisses d'une société propice à une nouvelle ère.

 

Article rédigé par Suzanne HAZARD

 

Bibliographie


  • Belk, R. ( 1988). Possessions and the extended self. Journal of consumer research 15, 139-168.

  • Breton, D. L. (2012). L'interactionnisme symbolique. Broché.

  • Colliot-Thélène, C. (2014). La sociologie de Max Weber.

  • Dion, D. (2019). Dynamiques entre catégories de marchés : une étude de l'invisibilité du marché de la mode grande taille. Sage, p. 22.

  • Goffman, E. (2019). Stigma.

  • Hebdige, D. (1979). Subculture : the meaning of style.

  • Kozinets, R. (s.d.). Utopian enterprise : articulating the meanings of star trek's culture of consumption. Journal of consume research.

  • Lebon, G. (1895). La théorie de la foule.

  • Marchant, A. (1970). Culture et esthétiques de la défonce : drogues et mouvements punk.

  • Historien. Marra, A. (2017). Le tsar de l'amour et de la techno. Lattès.

  • McCracken. (1986). Culture et consumption : a theorical account of the structure and movement of the cultural meaning of consumer goods. Journal of consumer Reaerch, 71-84.

  • Messiha, J. (2020). Faut-il interdire les réunions familiales ? (Cnews, Intervieweur).

  • R. Rahaoui. (2005). Techno between contestation and normalization. 89-98.

  • Thibault Faucard, J. R. (2019). Histoire de la techno. Récupéré sur RDC Radio : https://rcf.fr/culture/histoire-de-la-techno




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